Nevada
Réalisatrice : Laure de Clermont-Tonnerre
Date : 2019
Genre : Drame
Synopsis :
Incarcéré dans une prison du Nevada, Roman n’a plus de contact avec l’extérieur ni avec sa fille… Pour tenter de le sortir de son mutisme et de sa violence, on lui propose d’intégrer un programme de réhabilitation sociale grâce au dressage de chevaux sauvages. Aux côtés de ces mustangs aussi imprévisibles que lui, Roman va peu à peu réapprendre à se contrôler et surmonter son passé.
Mon avis :
Nevada est le premier long métrage de l’actrice et désormais réalisatrice française Laure de Clermont-Tonnerre. Expatriée au Etats-Unis, elle semble visiblement fascinée par la beauté des paysages et par la culture que lui offre sa terre d’accueil. En effet, le film présente de façon très picturale et presque romanesque les paysages arides du Nevada et ses grandes étendues désertes appelant à se sentir libre où se tient paradoxalement la prison où est incarcéré Roman. La photographie du film est un de ses plus grands points forts. Elle met en valeur à la fois les décors mais également les corps, les expressions, aussi bien celles des acteurs que celles des chevaux.
Là où la réalisatrice m’a bluffée, c’est par les nombreux parallèles qui sont faits entre les hommes et les chevaux tout au long du film (caractères qui semblent similaires, comparaison des regards par le cadre choisi, parallèle sur les physiques, emprisonnement et « domestication » des prisonniers comme des chevaux…). C’est d’abord le son qui introduit cet effet de style. Au début du film, l’acteur module sa respiration, jouant l’énervement, la rythmant et l’appuyant ainsi comme celle d’un cheval. Cet effet est appuyé en post production par une accentuation et une isolation du son qui donne bien plus d’ampleur à la scène et qui nous fait rentrer dans le sujet dans les règles de l’art. Il y a d’ailleurs eu un énorme travail de sound design tout au long du film sur les ambiances qui créent un côté presque onirique.
En ce qui concerne l’intrigue, je l’ai trouvé très touchante. Tout d’abord parce-que c’est inspiré d’une histoire vraie et que je ne connaissais pas ces programmes de réhabilitation des prisonniers par le dressage de chevaux sauvages. Les acteurs secondaires du film sont d’ailleurs en partie d’anciens prisonniers ayant suivis ce programme. Le générique montre alors de très belles photos d’archives de ces hommes avec leurs chevaux. Pour ce qui est du rôle de Roman, je trouve qu’il était fait pour Matthias Schoenaerts qui l’incarne à la perfection, tant au niveau du physique imposant que par son jeu à la fois impulsif et très sensible qui nous fait nous attacher très vite à lui. On découvre peu à peu le passé de cet homme et comprenons sa volonté de calmer ses pulsions et de protéger la seule personne qu’il aime, sa fille. C’est à travers des dialogues rares et froids avec celle-ci que nous découvrons ce qui se cache derrière cette relation si distante, scènes qui peuvent aisément nous tirer une larme ou deux.
La réalisatrice se libère des codes un peu stéréotypés des films sur l’univers carcéral à base d’oppression et de violence entre prisonniers et avec les gardiens. Les seuls rapports de force sont ceux entre Roman et le cheval qu’il tente de dresser ou avec lui-même essayant de se canaliser. Les relations s’améliorent peu à peu entre l’homme et le cheval et ils parviennent tout deux à s’amadouer à l’instar d’un L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux en plus pêchu.
Nevada a été un gros coup de cœur aussi bien en termes de qualités des images que de la qualité du scénario et du jeu d’acteur. Le tout est impressionnant de sincérité et en devient particulièrement émouvant.
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J’entends beaucoup parlé de ce film. Ta critique est très positive et donne envie. Excellente soirée Amandine 😊
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Fonce le voir, il est superbe ! Merci, bonne soirée à toi aussi 😊
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