Parasite: enfin une palme d’or pour le cinéma coréen

PARASITE

Réalisateur : Bong Joon Ho
Avec : Song Kang-Ho (Snowpiercer, Sympathy for Mr Vengeance), Lee Sun Kyun, Cho Yeo-Jeong
Date : Juin 2019
Palme d’or

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Synopsis :

Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne…

Mon avis :

S’il y avait bien un film que je voulais voir en allant à Cannes (mise à part Daim de Quentin Dupieux) c’est Parasite de Bong Joon Ho. Malheureusement, il n’était pas diffusé à ce moment là au festival mais seulement après, j’ai donc dû attendre sa sortie en salles. Et j’avoue avoir attendu une semaine avant d’écrire cet article. Actuellement je me lance sans réelle conviction tant j’ai peur de ne pas trouver les bons mots pour exprimer mes émotions très mitigées.

Bong Joon Ho nous narre l’histoire d’une famille pauvre vivant dans un entre sol à Séoul et tentant de survivre malgré le chômage. Leur appartement vétuste grouille de cafards et des hommes ivres viennent uriner à leurs fenêtres. Quand le fils Ki-Woo parvient à se faire recommander comme professeur d’anglais chez une famille riche, ils feignent de ne pas se connaître et rusent afin de tous trouver un emploi chez cette famille. La première partie du film est géniale et drôle et bien qu’on saisisse vite où on veut nous emmener, la répétition et la découverte des idées folles des enfants pour faire recruter leurs parents est vraiment sympa et bien rythmée. Le réalisateur appuie fortement sur le contraste entre les deux familles et joue avec les stéréotypes de la famille riche pédante et stupide face à la famille pauvre rivalisant d’ingéniosités pour survivre.

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Dans la deuxième partie du film, la comédie laisse place à une tension qui se veut croissante. Or, le rythme est parfois trop lent et manque un peu d’action. Le but est de montrer le quotidien de la famille pauvre qui tente de profiter du confort de vie de leurs employeurs sans se faire repérer. La majorité des événements est très prévisible mais heureusement bien mis en scène et toujours avec une petite part d’humour noir. La violence prend peu à peu sa place dans le film. Violence énormément présente dans le cinéma de la nouvelle vague coréenne énormément touchée par la dictature. Le spectateur connaisseur du genre s’y attend donc, d’autant plus que les scènes s’ancre dans un décor aseptisé filmé de manière à mettre en avant sa parfaite géométrie qui semble imperturbable. La violence monte crescendo jusqu’à une fin gore mais peut-être trop rapide et un peu trop expédiée à mon goût. Heureusement, un petit lot de surprises parviennent à peu près à rythmer certaines séquences, [SPOIL] notamment lors de la découvertes d’autres parasites comme eux. [Fin du spoil]

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L’avantage de ce film, et sans doute la raison pour laquelle il a eu la palme d’or, est qu’il touche un public très large. En effet, il sait correspondre à son époque à l’aide d’une critique sociale où thriller, comédie, violence, arnaque et tension sont liés avec brio. De plus, en comparaison de bien de ses films, Parasite suit un modèle bien plus occidental et touche donc ainsi plus de spectateurs. L’intrigue n’a rien de révolutionnaire mais rend justement ainsi le film de genre coréen accessible à tous. Étant mon genre préféré, j’avoue avoir été touchée de voir le nombre de spectateurs présents en salle malgré une séance en VO. Selon moi, c’est sans aucun doute le film le plus conventionnel du réalisateur, et j’en ai gardé une petite pointe d’amertume, car c’est pour celui-ci qu’il a été récompensé et non pour un autre. Cependant avec le recul, je suis satisfaite de cela puisque cela permettra probablement à des spectateurs moins aguerris, moins curieux de, je l’espère, avoir l’envie de se cultiver et de découvrir ce genre qui recèle de pépites. Je ne peux que vous conseiller les autres œuvres de Bong Joon Ho, ainsi que celles de Park Chan Wook et Kim Jee Woon pour commencer.

J’ai grand espoir que les spectateurs se prennent bien plus d’affection pour les films de genres. Soutenez ces films et ces réalisateurs, partagez tout cela. Soyez curieux, sortez de votre zone de confort et partez à la découverte de tous ces films réalisés par des passionnés qui réalisent leurs films bien plus par plaisir de partager et de raconter des histoires que par désir d’argent.

Ce petit laïus n’est en aucun cas une leçon de morale envers les spectateurs préférant les blockbusters puisque ceux-ci permettent tout de même de développer des techniques et le cinéma lui-même et sans eux, le cinéma de genre ne survivrait peut-être pas.

Sur ce, à bientôt !

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8 réflexions sur “Parasite: enfin une palme d’or pour le cinéma coréen

  1. C’est une de tes meilleures chroniques Amandine. J’ai vu un de ses tous premiers films au cinéma « snowpiercer », j’ai tout de suite aimé. Je comprends, pour toi ce n’est pas son meilleur film mais il se trouve que beaucoup de gens vont le découvrir grâce à ce dernier. Par exemple Jacques Audiard avait obtenu la palme d’or pour « Dheepan » qui n’est pas son meilleur film, c’est malheureusement assez souvent le cas.. Les gens vont voir la palme d’or de Cannes comme certain(e)s lisent le Goncourt de l’année. C’est un beau plaidoyer pour le cinéma de genre que tu nous fais là. 🙂

    Aimé par 2 personnes

  2. Voilà une chronique très fournie, par une connaisseuse qui donne envie. Je note malgré tout ton avis mitigé. Est-ce l’effet Palme ? Je ne crois pas que le film a été d’ailleurs récompense pour son caractère « grand public », ce n’est en général pas le genre de la maison (on ne peut pas dire par exemple que la Palme a Nuri Bilge Ceylan soit grand public, ni plus récemment « The Square » ), mais ce qui est notable, c’est que depuis quelques temps, les films récompensés touchent des sujets sociaux (Moi, Daniel Blake, une Affaire de Famille, et sans doute aussi avant). Parasite est tout de même une belle Palme.

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